Le retour de Fernando Alonso en Formule 1 en 2021 a suscité un engouement certain. Double champion du monde, auréolé d'une carrière riche en victoires et en polémiques, l'Espagnol revenait après deux ans d'absence, avec l'ambition affichée de retrouver le sommet. "El Nano" rejoignait Alpine, l'écurie française issue de la transformation de Renault, la même structure qui l'avait mené à ses deux titres mondiaux en 2005 et 2006. Alors, pouvait-on parler d'un retour du roi ? La question, légitime au vu de son palmarès, restait suspendue à la réalité d'une Formule 1 en pleine mutation.

La première saison de ce retour fut marquée par une phase d'adaptation. Après deux ans loin des paddocks, Alonso devait se réhabituer aux monoplaces, aux pneus, aux stratégies de course. Si les débuts furent timides, le pilote espagnol a rapidement démontré qu'il n'avait rien perdu de son talent. Sa combativité légendaire, sa capacité de lecture de course et son expérience ont fait la différence à plusieurs reprises, lui permettant de décrocher un podium précieux en Hongrie. Un résultat qui confirmait que le lion n'était pas tout à fait endormi.

Le passage chez Aston Martin en 2022, suite au départ à la retraite de Sebastian Vettel, a marqué un tournant. Alonso a rejoint une équipe ambitieuse, en pleine reconstruction, avec l'objectif clairement affiché de jouer les premiers rôles. Le début de saison 2023 a confirmé les espoirs placés en l'écurie britannique et en son pilote vedette. Une série de podiums, obtenus avec une régularité impressionnante, a propulsé Alonso sur le devant de la scène. Le vétéran espagnol semblait renaître, défiant les lois du temps et de la hiérarchie établie.

La performance d'Alonso chez Aston Martin est d'autant plus remarquable qu'elle s'inscrit dans un contexte de domination de Red Bull. Face à la supériorité de Max Verstappen, l'Espagnol a su tirer le meilleur de sa monoplace, optimisant chaque opportunité pour grappiller des points précieux. Son pilotage fin, agressif quand il le faut, et sa gestion impeccable des pneus ont fait merveille. Il est devenu une véritable référence pour ses jeunes concurrents, une preuve vivante que le talent et l'expérience peuvent encore faire la différence dans une Formule 1 ultra-technologique.

Pourtant, malgré des performances exceptionnelles, la question du retour du roi reste complexe. Si Alonso a prouvé qu'il était toujours capable de rivaliser avec les meilleurs, la conquête d'un troisième titre mondial semble un objectif difficilement atteignable. L'écart de performance avec Red Bull reste conséquent, et la concurrence, notamment de la part de Ferrari et de Mercedes, est féroce. La victoire, si elle est toujours possible sur certaines courses, ne semble pas envisageable sur la durée d'un championnat.

Il faut également prendre en compte l'âge du pilote espagnol. À plus de 40 ans, Alonso est le doyen du plateau. Même s'il affiche une forme physique exceptionnelle, la question de sa longévité en Formule 1 se pose inévitablement. Combien de temps pourra-t-il encore maintenir ce niveau de performance ? L'avenir nous le dira.

Au-delà de la quête d'un troisième titre, le retour d'Alonso a apporté un souffle nouveau à la Formule 1. Son charisme, sa personnalité hors du commun et son franc-parler ont ravivé l'intérêt du public. Il est devenu une figure incontournable du paddock, un personnage respecté et admiré, même par ses adversaires.

En conclusion, si le retour du roi au sens strict du terme, c'est-à-dire la reconquête du titre mondial, semble improbable, Fernando Alonso a réussi un pari audacieux : celui de revenir au plus haut niveau après une longue absence et de se réimposer comme l'un des meilleurs pilotes de sa génération. Son parcours, fait de persévérance et de talent, est une source d'inspiration pour tous les passionnés de sport automobile.